Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) salue l’investissement de 14 millions de dollars annoncé par le gouvernement du Québec pour la protection du lac Saint-Pierre : ce financement sera dédié en grande partie à la création d’un programme spécifique coordonné par la Fondation de la faune du Québec. Le second volet vise la création d’un pôle d’expertise multidisciplinaire chargé de coordonner une programmation de recherche sur des cultures et des pratiques agricoles durables et adaptées aux conditions particulières du milieu. Afin d’atteindre les résultats escomptés pour la restauration de cet écosystème-clé, le ROBVQ préconise que les projets soutenus par ce programme répondent à une stratégie globale axée sur le retrait progressif des cultures dans le littoral et l’adoption de bonnes pratiques agroenvironnementales dans la plaine inondable. Ces démarches doivent impérativement prévoir une compensation adéquate à destination des producteurs agricoles. Par ailleurs, ces actions dans l’habitat de l’écosystème aquatique du lac Saint-Pierre doivent obligatoirement être jumelées à un effort supplémentaire dans l’ensemble de son bassin versant, afin d’améliorer la qualité de l’eau qui s’y déverse.

Le lac Saint-Pierre, un joyau fragile qui doit être restauré dans l’intérêt de la majorité des Québécois(es)

Rappelons que le bassin versant du lac Saint-Pierre représente à lui seul plus de 990 000 km2, soit 60 % de la superficie du Québec. Il touche onze régions administratives, 58 municipalités régionales de comté et 654 municipalités, soit 75 % de la population.

Cependant, on constate pour plusieurs cours d’eau tributaires, notamment situés en zone agricole, que le degré de qualité atteint laisse encore largement à désirer. « En effet, la proportion de territoire agricole et la dominance des cultures annuelles de certains bassins et sous-bassins exercent toujours une forte pression sur les milieux aquatiques à cause notamment des matières en suspension, des éléments nutritifs et des pesticides », explique monsieur Sylvain Michon, deuxième vice-président du ROBVQ et vice-président de l’organisme de bassin versant de la Yamaska. « La bonne santé du lac Saint-Pierre est aussi compromise notamment par la pollution résiduelle comme les rejets urbains en temps de pluie et par la toxicité de certains effluents », poursuit-il. 

« L’investissement annoncé doit donc viser la réhabilitation directe de l’habitat de l’écosystème aquatique du lac Saint-Pierre, mais devrait également être accompagné d’autres fonds visant à  assurer l’amélioration de la qualité générale de l’eau des tributaires du lac Saint-Pierre, permettre le traitement des sources ponctuelles urbaines et industrielles mais aussi favoriser l’adoption de pratiques agricoles bénéfiques pour lutter contre la pollution diffuse », affirme madame Caroline Brodeur, présidente du ROBVQ et directrice de l’organisme des bassins versants de la Capitale.

Enfin, les changements climatiques aggravent la situation de cet écosystème à cause des modifications du régime des précipitations qui pourraient se traduire, entre autres, par des étiages sévères et prolongés et une fréquence accrue d’évènements de pluies intenses, conditions favorisant le ruissellement de surface et l’érosion des sols.

Une myriade de mesures et de bonnes pratiques innovantes sont à favoriser

« Des mesures d’adaptation devraient être envisagées pour diminuer la vulnérabilité des bassins qui présentent déjà des problèmes de qualité de l’eau liés au ruissellement de surface et à l’érosion des sols », soutient madame Karine Dauphin, administratrice du ROBVQ et directrice de l’organisme de concertation pour l'eau des bassins versants de la rivière Nicolet (COPERNIC). « Faute de les enrayer, les cultures en plaines inondables devraient quant à elles respecter des pratiques exemplaires, telles que les cultures de couverture, la conservation des  milieux humides et la mise en place de cultures adaptées à cet environnement unique. Un accompagnement sera essentiel dans la collaboration des producteurs agricoles dans les projets, et ce sur le long terme », renchérit-elle.

Le Lac Saint-Pierre est le reflet d’un changement nécessaire au Québec. Par ailleurs, le ROBVQ souhaite que la Stratégie gouvernementale sur l’eau, attendue dans les prochains mois, propose des mesures structurantes pour faire face à ces problématiques. Ces mesures doivent s’inscrire dans le cadre d’une gestion intégrée à l’échelle de bassins versants, faite en collaboration avec les différents acteurs des milieux municipaux, industriels et forestiers notamment, qui jouent un rôle important dans la valorisation du territoire.

Source(s)

Héloïse Fernandez
Chargée des communications
ROBVQ
418 953-7132

Informations complémentaires

Le ROBVQ représente 40 organismes de bassins versants (OBV) établis sur l’ensemble du Québec méridional regroupant quelque 900 acteurs de l’eau. Les OBV sont des organismes mandatés par le gouvernement en vertu de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection. En concertation avec les acteurs de l’eau de leur territoire, ils élaborent et assurent le suivi d’un plan directeur de l’eau.

Photos

La légende de chaque photo est disponible en plaçant son curseur sur cette dernière et un clic l'ouvre en pleine grandeur dans un nouvel onglet.