Valoriser l’expertise des OBV par la diffusion des connaissances

Édition du 1er avril 2024

Valoriser l’expertise des OBV par la diffusion des connaissances

Écrit par Julien Tremblay, ROBVQ

Je me souviens très bien du premier Rendez-vous des OBV auquel j’ai pris part. C’était en 2022 à La Malbaie. La lasagne était au menu et en lever de rideau, une simple ques­tion était adres­sée aux parti­ci­pants : Quel réseau rêvons-nous dans 20 ans ?

De cette acti­vité d’ou­ver­ture, j’ai retenu une chose : les OBV souhaitent être recon­nus comme un réseau d’ex­perts incon­tour­nable lorsqu’il est ques­tion de gestion de l’eau. Cette recon­nais­sance doit notam­ment prove­nir des minis­tères, des acteurs de l’eau et du grand public.

Cette affir­ma­tion soulève une ques­tion très inté­res­sante, à laquelle je tente­rai de répondre en partie dans cet article : par quels moyens peut-on renfor­cer la recon­nais­sance accor­dée au réseau des OBV ?

Quelques défi­ni­tions

Parlons d’abord d’ex­per­tise. À priori, ce qui carac­té­rise un expert, ce sont ses connais­sances théo­riques ou acadé­miques. Toute­fois, ce qui distingue l’ex­pert du savant, ce sont surtout ses connais­sances empi­riques, c’est-à-dire les connais­sances qu’il a acquises par expé­rience. Autre­ment dit, l’ex­pert acquiert son savoir en étant dans l’ac­tion, on parle ici de savoir-faire (Dubois et al., 2005).

La recon­nais­sance, quant à elle, consiste simple­ment à recon­naître une chose comme étant vraie ou légi­time. Recon­naître l’ex­per­tise d’un acteur, c’est donc de consi­dé­rer légi­time son savoir-faire.

J’en déduis que, pour que le savoir-faire d’un acteur soit reconnu, il faut que le travail de celui-ci soit non seule­ment connu du public, mais qu’il puisse être utilisé de façon opti­male par celui-ci. En d’autres termes, il faut que le travail accom­pli par l’ac­teur soit valo­risé.

Pour renfor­cer la recon­nais­sance des OBV en tant qu’ex­perts, il faut donc valo­ri­ser davan­tage le travail qu’ils accom­plissent. Ce travail se traduit par des extra­nts qui prennent souvent la forme de données, d’in­for­ma­tions ou de connais­sances qui peuvent être diffu­sées.

La diffu­sion comme outil de valo­ri­sa­tion

Les OBV sont confron­tés aux mêmes défis que bien des orga­ni­sa­tions envi­ron­ne­men­tales, notam­ment à celui de la diffu­sion des connais­sances. Cela fait d’ailleurs partie des constats du groupe de travail sur les connais­sances du Forum d’ac­tion sur l’eau (FAE), qui indique que « certaines connais­sances ne sont pas utili­sées plei­ne­ment, notam­ment parce que les orga­ni­sa­tions ne sont pas adéqua­te­ment outillées pour les diffu­ser » (MELCC, 2022).

Consé­quem­ment, il faut offrir aux OBV du Québec des solu­tions qui permettent de centra­li­ser et de stan­dar­di­ser les extra­nts qu’ils produisent afin de les diffu­ser plus effi­ca­ce­ment. Par la force des choses et par inté­rêt person­nel, c’est au déve­lop­pe­ment de ces solu­tions qu’est dédiée une partie impor­tante de mon travail au Regrou­pe­ment des orga­nismes de bassins versants du Québec (ROBVQ).

Les défis de la diffu­sion en contexte de réseau

Le réseau des OBV du Québec est composé de 40 orga­ni­sa­tions qui ont des réali­tés et des façons de faire diffé­rentes les unes des autres. Il y a là un défi impor­tant, soit celui de déve­lop­per des outils de centra­li­sa­tion qui permettent de stan­dar­di­ser les données, les infor­ma­tions et les connais­sances produites tout en main­te­nant un niveau de flexi­bi­lité qui tienne compte des spéci­fi­ci­tés de chaque orga­ni­sa­tion.

À cela s’ajoute un deuxième défi de taille : les outils de centra­li­sa­tion déve­lop­pés doivent avant tout faci­li­ter et opti­mi­ser le travail des OBV. Il ne faut surtout pas alour­dir les proces­sus et complexi­fier la réali­sa­tion des tâches du quoti­dien. Si les solu­tions propo­sées ne répondent pas à ce besoin prépon­dé­rant, elles ne seront tout simple­ment pas utili­sées.

Le troi­sième défi que j’iden­ti­fie est celui de diffu­ser une infor­ma­tion qui puisse être faci­le­ment utili­sée par le public cible. En effet, pour valo­ri­ser plei­ne­ment le travail des OBV, les outils de diffu­sion doivent offrir un accès à l’in­for­ma­tion, mais ils doivent égale­ment simpli­fier l’in­ter­pré­ta­tion, l’ana­lyse et l’uti­li­sa­tion de cette infor­ma­tion.

En résumé

Que ce soit en permet­tant le suivi de la mise en œuvre de la gestion inté­grée des ressources en eau à l’échelle provin­ciale ou en appuyant les prises de déci­sion des déci­deurs locaux, la diffu­sion des connais­sances peut contri­buer à renfor­cer la recon­nais­sance des OBV en tant que réseau d’ex­perts incon­tour­nable pour la gestion de l’eau au Québec.

Cette diffu­sion passe d’abord par un travail de centra­li­sa­tion et de stan­dar­di­sa­tions des connais­sances qui, dans le contexte d’un réseau aussi complexe et hété­ro­gène que celui des OBV du Québec, repré­sente un défi de taille néces­si­tant un travail de colla­bo­ra­tion itéra­tif entre le ROBVQ et ses membres.

Ulti­me­ment, ces efforts permet­tront de déve­lop­per des outils d’in­ter­pré­ta­tion et de vulga­ri­sa­tion des connais­sances qui contri­bue­ront à faire recon­naître l’ex­per­tise du réseau des OBV non seule­ment auprès des minis­tères et des acteurs de l’eau, mais égale­ment auprès du grand public.