Édition du 2 juin 2025
AMCE : Conserver autrement – Une nouvelle voie pour la biodiversité québécoise
Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) est fier d’avoir récemment établi un partenariat officiel avec Nature Québec afin de favoriser la reconnaissance des autres mesures de conservation efficaces (AMCE) pour d’éventuels espaces connexes aux milieux hydriques. Ce partenariat vise notamment à outiller les organismes de bassins versants (OBV) pour mieux mobiliser et accompagner les acteurs de l’eau partout au Québec afin de faire connaître cette nouvelle appellation et surtout accompagner les collectivités qui souhaitent avoir des espaces reconnus comme AMCE.
Alors que le Québec s’est engagé à protéger 30 % de son territoire terrestre et marin d’ici 2030, la reconnaissance des AMCE apparaît comme une voie complémentaire, souple et innovante pour atteindre cet objectif. Porté par la Convention sur la diversité biologique (CDB) et encadré localement par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), ce concept ouvre la porte à des formes de conservation adaptées aux réalités territoriales et sociales québécoises.
Qu’est-ce qu’une AMCE?
Une AMCE est une zone géographiquement délimitée qui n’est pas désignée comme aire protégée, mais qui est gérée de manière à produire des résultats concrets et durables pour la conservation in situ de la biodiversité. Ces résultats peuvent être obtenus dans une diversité de contextes : par des communautés autochtones, des municipalités, des propriétaires privés ou des organismes environnementaux.
La conservation n’a pas besoin d’être l’objectif principal du site, mais les pratiques de gestion doivent assurément conduire à des effets positifs sur la biodiversité. Cette approche permet de reconnaître et de soutenir des efforts de protection déjà en place, parfois de longue date, mais non officiellement intégrés dans les registres gouvernementaux.
Reconnaissance formelle et accompagnement
Pour être reconnue comme AMCE, une zone doit satisfaire à plusieurs critères :
- Abriter des valeurs écologiques significatives;
- Présenter des limites claires et une gestion active;
- Être régie par un engagement à long terme;
- Maintenir un régime d’activités compatible avec les objectifs de conservation.
Nature Québec agit comme organisme d’accompagnement pour les porteurs de projet qui souhaitent proposer un site. À cette fin, un formulaire structuré permet de bâtir un dossier solide, et un outil d’aide à la décision (élaboré en partenariat avec le ministère de l’Environnement) soutient l’évaluation des candidatures. Une fois complétée, la proposition est soumise au ministère pour validation et éventuelle inscription au registre québécois des AMCE.
Une opportunité stratégique pour les territoires
Les AMCE représentent une voie alternative, mais stratégique, pour reconnaître des espaces déjà investis dans la conservation de la biodiversité. Elles permettent aussi de valoriser des usages durables du territoire, tout en créant des ponts avec des acteurs variés : Premières Nations, municipalités, citoyennes et citoyens engagés, chercheurs et chercheuses, gestionnaires de terres privées, etc.
Elles peuvent aussi jouer un rôle clé dans la création de corridors écologiques ou de zones tampons autour d’aires protégées, contribuant à une connectivité écologique accrue à l’échelle du paysage.
Finalement, cette collaboration entre le ROBVQ et Nature Québec renforce notre capacité collective à identifier et soutenir des territoires porteurs d’avenir pour la biodiversité à travers les actions de conservation. Ensemble, nous contribuons à bâtir un réseau cohérent et représentatif de mesures de conservation, ancrées dans la réalité des bassins versants du Québec.
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