Observation d'un milieux naturel

Édition du 2 juin 2025

AMCE : Conserver autrement – Une nouvelle voie pour la biodiversité québécoise

Écrit par Sébastien Cottinet, ROBVQ

Le Regrou­pe­ment des orga­nismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) est fier d’avoir récem­ment établi un parte­na­riat offi­ciel avec Nature Québec afin de favo­ri­ser la recon­nais­sance des autres mesures de conser­va­tion effi­caces (AMCE) pour d’éven­tuels espaces connexes aux milieux hydriques. Ce parte­na­riat vise notam­ment à outiller les orga­nismes de bassins versants (OBV) pour mieux mobi­li­ser et accom­pa­gner les acteurs de l’eau partout au Québec afin de faire connaître cette nouvelle appel­la­tion et surtout accom­pa­gner les collec­ti­vi­tés qui souhaitent avoir des espaces recon­nus comme AMCE.  

Alors que le Québec s’est engagé à proté­ger 30 % de son terri­toire terrestre et marin d’ici 2030, la recon­nais­sance des AMCE appa­raît comme une voie complé­men­taire, souple et inno­vante pour atteindre cet objec­tif. Porté par la Conven­tion sur la diver­sité biolo­gique (CDB) et enca­dré loca­le­ment par le minis­tère de l’En­vi­ron­ne­ment, de la Lutte contre les chan­ge­ments clima­tiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), ce concept ouvre la porte à des formes de conser­va­tion adap­tées aux réali­tés terri­to­riales et sociales québé­coises. 

Qu’est-ce qu’une AMCE? 

Une AMCE est une zone géogra­phique­ment déli­mi­tée qui n’est pas dési­gnée comme aire proté­gée, mais qui est gérée de manière à produire des résul­tats concrets et durables pour la conser­va­tion in situ de la biodi­ver­sité. Ces résul­tats peuvent être obte­nus dans une diver­sité de contextes : par des commu­nau­tés autoch­tones, des muni­ci­pa­li­tés, des proprié­taires privés ou des orga­nismes envi­ron­ne­men­taux. 

La conser­va­tion n’a pas besoin d’être l’objec­tif prin­ci­pal du site, mais les pratiques de gestion doivent assu­ré­ment conduire à des effets posi­tifs sur la biodi­ver­sité. Cette approche permet de recon­naître et de soute­nir des efforts de protec­tion déjà en place, parfois de longue date, mais non offi­ciel­le­ment inté­grés dans les registres gouver­ne­men­taux. 

Recon­nais­sance formelle et accom­pa­gne­ment  

Pour être recon­nue comme AMCE, une zone doit satis­faire à plusieurs critères : 

  • Abri­ter des valeurs écolo­giques signi­fi­ca­tives;
  • Présen­ter des limites claires et une gestion active;
  • Être régie par un enga­ge­ment à long terme;
  • Main­te­nir un régime d’ac­ti­vi­tés compa­tible avec les objec­tifs de conser­va­tion.  

Nature Québec agit comme orga­nisme d’ac­com­pa­gne­ment pour les porteurs de projet qui souhaitent propo­ser un site. À cette fin, un formu­laire struc­turé permet de bâtir un dossier solide, et un outil d’aide à la déci­sion (élaboré en parte­na­riat avec le minis­tère de l’En­vi­ron­ne­ment) soutient l’éva­lua­tion des candi­da­tures. Une fois complé­tée, la propo­si­tion est soumise au minis­tère pour vali­da­tion et éven­tuelle inscrip­tion au registre québé­cois des AMCE.  

Une oppor­tu­nité stra­té­gique pour les terri­toires 

Les AMCE repré­sentent une voie alter­na­tive, mais stra­té­gique, pour recon­naître des espaces déjà inves­tis dans la conser­va­tion de la biodi­ver­sité. Elles permettent aussi de valo­ri­ser des usages durables du terri­toire, tout en créant des ponts avec des acteurs variés : Premières Nations, muni­ci­pa­li­tés, citoyennes et citoyens enga­gés, cher­cheurs et cher­cheuses, gestion­naires de terres privées, etc. 

Elles peuvent aussi jouer un rôle clé dans la créa­tion de corri­dors écolo­giques ou de zones tampons autour d’aires proté­gées, contri­buant à une connec­ti­vité écolo­gique accrue à l’échelle du paysage.  

Fina­le­ment, cette colla­bo­ra­tion entre le ROBVQ et Nature Québec renforce notre capa­cité collec­tive à iden­ti­fier et soute­nir des terri­toires porteurs d’ave­nir pour la biodi­ver­sité à travers les actions de conser­va­tion. Ensemble, nous contri­buons à bâtir un réseau cohé­rent et repré­sen­ta­tif de mesures de conser­va­tion, ancrées dans la réalité des bassins versants du Québec.  

Pour en savoir plus :