Vidange de fosse septique

Édition du 6 octobre 2025

Protéger nos lacs et rivières, une fosse septique à la fois

Texte rédigé par Caroline Gagné et révisé par Annye Boutillier, ROBVQ

Saviez-vous qu’au Québec, envi­ron un million de rési­dences isolées ne sont pas raccor­dées à un réseau d’égouts muni­ci­pal ? (Dallaire, 2016) Ces habi­ta­tions, qui peuvent être des rési­dences prin­ci­pales, des camps ou des chalets de six chambres ou moins, traitent leurs eaux usées grâce à une instal­la­tion septique. Pour que ce système protège adéqua­te­ment nos ressources collec­tives en eau, les proprié­taires de rési­dences isolées doivent comprendre son fonc­tion­ne­ment et surtout, l’uti­li­ser et l’en­tre­te­nir adéqua­te­ment.

C’est quoi, une instal­la­tion septique ?

Une instal­la­tion septique est un dispo­si­tif auto­nome conçu pour trai­ter les eaux usées d’une rési­dence. Elle se compose géné­ra­le­ment de deux parties : la fosse septique (où les matières solides se déposent et commencent à se décom­po­ser) et l’élé­ment épura­teur (souvent un champ d’épu­ra­tion, où les eaux sont filtrées par le sol). Dans certains cas, des systèmes plus perfor­mants, dits « secon­daires avan­cés » ou « tertiaires », sont néces­saires pour répondre aux contraintes du terrain ou renfor­cer la qualité du trai­te­ment. En fait, le système de trai­te­ment secon­daire avancé permet une réduc­tion plus pous­sée des matières en suspen­sion et de la pollu­tion carbo­née. Le système tertiaire, quant à lui, ajoute la déphos­pha­ta­tion et la désin­fec­tion des eaux usées.

Une instal­la­tion bien conçue et bien entre­te­nue peut durer entre 20 et 25 ans.

Pourquoi l’en­tre­tien est-il si impor­tant ?

Sans soins adéquats, une instal­la­tion septique peut rapi­de­ment deve­nir une source de pollu­tion pour les nappes phréa­tiques, les lacs… et même pour le porte­feuille des proprié­taires!

Un mauvais entre­tien peut aussi causer des refou­le­ments des eaux usées dans la maison, des odeurs désa­gréables à l’ex­té­rieur, ou encore des conta­mi­na­tions bacté­riennes dans l’eau potable des puits.

L’en­tre­tien en quelques gestes

Voici comment veiller à la santé d’une instal­la­tion septique :

  • Effec­tuer des vidanges régu­liè­re­ment: tous les deux ans pour une rési­dence prin­ci­pale, et tous les quatre ans pour une rési­dence saison­nière. Certaines muni­ci­pa­li­tés offrent ce service et la fréquence des vidanges est souvent basée sur la quan­tité de boues et d’écume accu­mu­lée.
  • Surveiller les indices de défaillance du système. Il est impé­ra­tif de contac­ter un profes­sion­nel ou une profes­sion­nelle si :
    • Le gazon sur le champ d’épu­ra­tion est plus vert qu’ailleurs; 
    • Le sol est spon­gieux ou humide en quasi-perma­nence au-dessus du champ d’épu­ra­tion;
    • Le champ d’épu­ra­tion dégage des odeurs nauséa­bondes;
    • Un liquide gris ou noir s’échappe du champ d’épu­ra­tion; 
    • Les eaux usées s’éva­cuent avec diffi­cul­tés ou refoulent.  
  • Ne jeter aucun déchet solide comme des lingettes ou des serviettes hygié­niques, ni aucune graisse dans les toilettes et les éviers. Les déchets non adap­tés peuvent colma­ter les instal­la­tions septiques. Il en est de même pour les produits chimiques qui détruisent les bacté­ries qui parti­cipent au trai­te­ment des eaux.
  • Réduire et répar­tir l’uti­li­sa­tion de l’eau. Il est conseillé de laver les vête­ments et de prendre des douches à diffé­rents moments pour éviter de surchar­ger le système. Instal­ler des robi­nets à faible débit et répa­rer rapi­de­ment toute fuite sont aussi de bonnes pratiques.
  • Éviter les aména­ge­ments sur le champ d’épu­ra­tion. Cette zone doit être libre de toute instal­la­tion, que ce soit une terrasse, un caba­non ou un station­ne­ment. Le poids et les racines peuvent endom­ma­ger les instal­la­tions septiques.

Un cadre légal strict

Les instal­la­tions septiques sont enca­drées par la Loi sur la qualité de l’en­vi­ron­ne­ment et le Règle­ment Q-2, r.22. Les muni­ci­pa­li­tés sont respon­sables d’en assu­rer l’ap­pli­ca­tion. Tout projet de construc­tion, de modi­fi­ca­tion ou d’ex­ten­sion d’ins­tal­la­tions septiques anciennes doit obte­nir un permis muni­ci­pal. Et atten­tion : il n’existe pas de « droit acquis » pour polluer. Même les instal­la­tions anté­rieures à l’en­trée en vigueur du Règle­ment Q-2, r.22 (1981), doivent respec­ter les règles pour éviter les nuisances.

En adop­tant de bonnes pratiques d’en­tre­tien et en respec­tant la régle­men­ta­tion, chaque proprié­taire contri­bue à la santé de son envi­ron­ne­ment et de sa commu­nauté.

Cet article a été écrit dans le cadre de la campagne de sensi­­­­­­bi­­­­­­li­­­­­­sa­­­­­­tion Pensez Bleu menée par Réseau Envi­­­­­­ron­­­­­­ne­­­­­­ment de concert avec le Centre d’in­­­­­­ter­­­­­­pré­­­­­­ta­­­­­­tion de l’eau (C.I.EAU) et le Regrou­­­­­­pe­­­­­­ment des orga­­­­­­nismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) et financé par le gouver­­­­­­ne­­­­­­ment du Québec.

 

Sources :


Photo d’en-tête:
Dagmara_K, Shut­ter­stock