Édition du 7 avril 2025
Combien d’eau consomme l’intelligence artificielle?
L’intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui au cœur des transformations numériques qui façonnent notre société. Que ce soit pour améliorer les services, optimiser les industries ou même rendre nos vies quotidiennes plus faciles, l’IA est de plus en plus omniprésente. Cependant, derrière cette petite révolution se cache un fait préoccupant: l’énorme consommation d’eau nécessaire à son fonctionnement.
Une technologie gourmande
Le développement et le déploiement des technologies d’IA, en particulier celles qui reposent sur l’apprentissage profond (deep learning), ont besoin d’une puissance de calcul colossale. En effet, la création et l’utilisation de modèles d’IA performants peuvent nécessiter des billions de calculs par seconde. Pour ce faire, les entreprises doivent opérer d’imposants centres de données qui consomment non seulement beaucoup d’électricité, mais également des quantités d’eau considérables pour refroidir les serveurs. À titre d’exemple, en 2023, Google a utilisé 24 milliards de litres d’eau! (Basta!, 2025) Microsoft a également reconnu l’augmentation de sa consommation d’eau en raison de l’IA, avec une hausse de 34 % dans certaines régions (Fortune, 2023).
Des pistes de solution
Les chiffres présentés ci-haut mettent en lumière la nécessité de recourir à des solutions de refroidissement plus durables. Les grandes entreprises technologiques sont conscientes de leur consommation d’eau et plusieurs d’entre elles prennent des mesures pour la limiter. Si certaines ont investi dans des systèmes de refroidissement en circuit fermé qui permettent de recycler l’eau, d’autres cherchent à installer leurs centres de données dans des régions froides pour tirer parti des conditions climatiques locales. Ces initiatives restent cependant insuffisantes pour compenser l’ampleur de la demande.
Il est aussi possible de rendre les processus d’entraînement et de ré-entraînement des modèles d’IA plus efficaces afin de réduire la consommation de ressources. (France Science, 2023) Des approches d’IA plus vertes sont aussi à l’étude, telles que l’IA embarquée, qui vise à déployer des modèles plus petits et plus efficaces sur des appareils locaux, sans nécessiter une infrastructure lourde de centres de données. (neovision)
La responsabilité individuelle
Les efforts de l’industrie doivent être couplés à ceux des utilisateurs et des utilisatrices. Il est de notre responsabilité individuelle de s’informer sur les impacts environnementaux de nos habitudes technologiques et à exiger de meilleures pratiques des entreprises.
Aussi et surtout, il s’avère impératif d’établir notre propre ligne de conduite. D’après une étude réalisée par l’Université de Riverside, une simple recherche sur Chat GPT-3 consommerait 500 millilitres d’eau, un chiffre qui doit sans doute être révisé à la hausse avec le déploiement des nouvelles versions du réputé robot conversationnel. (Les numériques, 2024) Sachant ceci, avons-nous vraiment besoin du support de l’intelligence artificielle pour choisir nos activités de la fin de semaine ou le prénom de notre dernier rejeton?