Laissez-moi d’abord vous présenter les personnes qui m’ont accueillie et gentiment expliqué leur travail. L’équipe était dirigée par la responsable du projet : Lisa-Marie Carrion, conseillère en gestion intégrée de l’eau à l’Organisme des bassins versants de la Capitale (OBV de la Capitale). Elle était accompagnée de deux amis plongeurs venus lui prêter main-forte et de deux plongeurs de La Scubathèque ayant offert leur aide bénévolement, motivés simplement par le plaisir de plonger. Elle était aussi épaulée par quelques membres de l’équipe de l’OBV de la Capitale.
Pendant que les plongeurs préparaient leur matériel, Lisa-Marie m’a expliqué qu’il existait différentes manières d’effectuer le contrôle du myriophylle à épis. « Il y a notamment le bâchage, mais cette technique à plus d’incidences sur la biodiversité. L’arrachage manuel nous permet d’être sélectifs, d’arracher seulement la plante exotique. Les seuls impacts négatifs de cette technique sont que nous remuons les sédiments au fond de l’eau et qu’il peut arriver que nous arrachions accidentellement une autre plante aquatique », m’a-t-elle dit.
Lisa-Marie se considère choyée de pouvoir compter sur l’aide de plongeurs expérimentés, dont des plongeurs techniques et deux divemasters. « Il est essentiel de travailler avec des plongeurs qui ont une bonne stabilité afin d’éviter de remuer le fond de l’eau inutilement et de faire remonter des sédiments qui brouillent la vue », m’a-t-elle expliqué.
Cependant, ces plongeurs ne sont pas tous des biologistes. C’est pourquoi l’OBV de la Capitale leur a préalablement offert une formation pour leur permettre de reconnaître la plante et de comprendre son impact sur les écosystèmes et sur les activités anthropiques, comme la baignade et la navigation.
Les plongeurs m’ont parlé avec passion de leur pratique. J’ai notamment appris que pour obtenir un permis pour plonger au Québec, il fallait au minimum suivre une formation de base (Open Water Diver) pour apprendre à agir de manière sécuritaire. Il est ensuite possible de suivre des cours plus avancés et de se spécialiser, notamment pour devenir sauveteur ou instructeurs. J’ai aussi été surprise d’apprendre que le Québec était considéré comme l’un des endroits les plus hostiles au monde pour faire de la plongée en raison de la température de l’eau et de la faible visibilité. Même pendant la saison estivale, l’eau n’est généralement pas très chaude.
Trêve de bavardages. Il était maintenant temps pour l’équipe de se mettre en action.
Pour recueillir le myriophylle, il suffisait aux plongeurs d’enfoncer leurs mains dans les sédiments et de tirer sur la plante de manière à retirer toutes les racines. Les plantes étaient ensuite placées dans des sacs légers en filet. Lorsque les sacs étaient pleins, les plongeurs remettaient leur sac à des membres de l’équipe parcourant le lac en canot. Un nouveau sac leur était alors remis pour leur permettre de continuer leur travail.
Les canotières étaient aussi responsables de ramasser les fragments de myriophylle flottant à la surface de l’eau après l’arrachage des plants. Ce travail est essentiel pour éviter la propagation du myriophylle à d’autres endroits du plan d’eau.
Équipée d’un filet, Olyane Seigneur, que l’on voit ici avec une combinaison étanche, était aussi responsable de recueillir les fragments de myriophylle à épis à la surface de l’eau peu profonde et sur la plage.
Après environ 35 minutes de plongée en continu, il était temps pour toute l’équipe de retourner à la terre ferme. On m’expliqua qu’il était impossible de poursuivre le travail plus longtemps, non seulement parce que le soleil se couchait, mais aussi parce que l’eau commençait à être trop trouble pour bien voir les plantes.
Les plantes récoltées furent placées dans des sacs de poubelle afin d’être acheminées à l’incinérateur. Il ne restait maintenant à l’équipe qu’une seule tâche : aller se régaler autour d’un bon repas et se féliciter pour le travail bien fait.