Équipe de la CBJC prête pour la première étape du projets de télémétrie des saumoneaux
Tempo - Édition du 4 août 2025
Photoreportage

Le saumon en péril : un combat collectif

Depuis quelques années, les scientifiques, les pêcheurs et les pêcheuses, constatent une chute préoccupante du nombre de saumons atlantiques revenant frayer dans les rivières du Québec. L’hypothèse d’une mortalité accrue dans le golfe du Saint-Laurent se précise. Pour y voir plus clair, des projets de télémétrie novateurs sont en cours, comme celui mené par la Corporation du bassin de la Jacques-Cartier (CBJC) à la centrale hydroélectrique de Bird. Ce photoreportage suit pas à pas les étapes de ce suivi scientifique sur les saumoneaux en dévalaison. 

Un carre­four migra­toire fragile

Au pied du barrage Bird, la rivière Jacques-Cartier forme une retenue où les saumoneaux s’accumulent avant de poursuivre leur migration vers l’Atlantique. C’est ici que s’organise un dispositif de suivi inédit pour comprendre leur trajectoire et leur survie. 

Là où tout commence : la prise d’eau

Chaque printemps, des centaines de jeunes saumons franchissent le canal de dévalaison aménagé pour franchir le barrage. Cette zone stratégique est aussi le point de départ du protocole de capture et d’identification. 

Capture déli­cate, science en action

Les saumoneaux sont capturés avec précaution grâce à une puise dans un enclos de capture grillagé installé à même le canal. Cette première étape garantit que seuls les individus en bonne santé seront suivis. 

Station de triage : l’étape clinique

À la station de tri, les saumons sont examinés un par un pour s’assurer qu’ils sont aptes à subir une chirurgie. Ce filtrage minutieux évite toute manipulation inutile et respecte le bien-être animal. 

Anes­thé­sie douce avant la pose d’émet­teur

Les saumoneaux sélectionnés sont plongés dans une solution d’eugénol, un anesthésiant naturel. Cela permet de réaliser la chirurgie d’implantation sans stress, avec le plus grand soin. 

Chirur­gie de haute préci­sion

À l’aide d’outils spécialisés, les techniciens-biologistes insèrent un émetteur acoustique dans le corps du poisson. Ce traceur permettra de comprendre son patron migratoire jusque dans le golfe du Saint-Laurent. 

Réveil sous surveillance

Après l’opération, chaque saumoneau est placé dans un bassin oxygéné pour un réveil tout en douceur.

Former un banc pour mieux survivre

Les pois­sons opérés sont accom­pa­gnés de congé­nères non opérés afin de refor­mer un banc cohé­rent. Ce compor­te­ment natu­rel d’at­trou­pe­ment réduit les risques de préda­tion au moment de la remise en liberté. 

Le grand bassin avec plusieurs saumons visibles, prêts à être remis à l’eau

Le grand bassin avec plusieurs saumons visibles, prêts à être remis à l’eau

Acclimatation : éviter le choc thermique

Avant la remise à l’eau, les tech­ni­ciens-biolo­gistes prennent soin de synchro­ni­ser la tempé­ra­ture de la glacière avec celle de la rivière. Un choc ther­mique pour­rait compro­mettre la survie des pois­sons. 

Les techniciens de la CBJC mélangent de l’eau de la rivière avec celle de la glacière

Les techniciens de la CBJC mélangent de l’eau de la rivière avec celle de la glacière

Libé­rés, suivis à distance

Les saumoneaux, désormais porteurs de traceurs, entament leur périple vers la mer. Leurs déplacements seront captés par des récepteurs disposés jusqu’au golfe, permettant d’enrichir les connaissances sur leur survie. 

Une science au service du vivant

Ce projet de télémétrie porté par la CBJC s’inscrit dans un effort collectif, où producteurs et productrices hydroélectriques, ministères et scientifiques collaborent. À l’heure où la biodiversité aquatique subit des pressions multiples, chaque donnée récoltée est une boussole pour mieux protéger cette espèce emblématique qu’est le saumon atlantique. Comprendre la dévalaison, c’est aussi protéger l’avenir.