Le mystère de la reproduction des touladis au lac Témiscouata

Édition du 10 décembre 2018

Le mystère de la reproduction des touladis au lac Témiscouata

Écrit par Marianne St-Hilaire et Michel Grégoire, OBV du Fleuve Saint-Jean

Capture de 35 livresDepuis 2016, l’Orga­nisme de bassin versant du fleuve Saint-Jean colla­bore au projet de recherche sur le touladi au lac Témis­couata mené par le minis­tère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP). Son objec­tif: iden­ti­fier les causes du faible taux de repro­duc­tion natu­relle. Que devient le touladi, ce pois­son prisé des pêcheurs?

L’aven­ture se déroule au lac Témis­couata situé au Bas-Saint-Laurent. Ce long plan d’eau de près de 40 km se découvre en route vers le Nouveau-Bruns­wick. En 2013, un inven­taire de la popu­la­tion de toula­dis révèle que sa repro­duc­tion natu­relle est défi­ciente et ne pour­rait suppor­ter la pêche spor­tive. Le touladi se main­tient grâce à l’en­se­men­ce­ment pratiqué au lac Témis­couata depuis 1977.

Le projet de recherche du MFFP prend forme en 2016, initié par l’Asso­cia­tion Chasse et Pêche du Témis­couata. La première année, 15 émet­teurs sont implan­tés dans des géni­teurs captu­rés afin d’iden­ti­fier les frayères, puis 15 autres en 2017, en plus de la réim­plan­ta­tion de quatre émet­teurs retour­nés par des pêcheurs. L’OBV du fleuve Saint-Jean a contri­bué à ces travaux en réali­sant les suivis télé­mé­triques des géni­teurs à l’au­tomne 2018.

De faibles quan­ti­tés d’œufs ont été obser­vées dans deux frayères loca­li­sées qui semblent être peu propices à la survie des œufs. Les travaux, qui se pour­suivent jusqu’en 2020, prévoient la recherche d’autres frayères et d’œufs ainsi que la carac­té­ri­sa­tion complète des frayères iden­ti­fiées.

En 2018, une recherche complé­men­taire a été enta­mée par l’Ins­ti­tut natio­nal de la recherche scien­ti­fique. Plusieurs hypo­thèses sont étudiées pour expliquer la faible repro­duc­tion natu­relle des toula­dis dans le lac Témis­couata. La mauvaise qualité des frayères obstruées par des sédi­ments pour­rait être en cause, de même que les chan­ge­ments clima­tiques, et les spéci­mens ense­men­cés ici pour­raient être géné­tique­ment inca­pables de se repro­duire. Le lac étant contrôlé par un barrage à l’em­bou­chure de la rivière Mada­waska, l’im­pact de la gestion du niveau de l’eau sur la survie des œufs sera égale­ment évalué.

Le touladi est un pois­son indi­gène au lac Témis­couata très ancré dans la culture popu­laire des muni­ci­pa­li­tés avoi­si­nantes. À l’ins­tar de l’homme qui a posé fière­ment avec sa capture de 35 livres en 2016, espé­rons que les géné­ra­tions futures y pêche­ront encore long­temps le touladi dans un envi­ron­ne­ment sain.

 

Photo: Kim C. Char­bon­neau, de l’OBV du fleuve Saint-Jean, parti­ci­pant à la capture des géni­teurs en 2016.