Édition du 4 décembre 2023
Le Plan Nature 2030 expliqué: entrevue avec Karine Dauphin
L’automne a été marqué par le lancement des travaux d’élaboration du Plan Nature 2030. Le calendrier du chantier de réflexion et de mobilisation nationale prévoyait 18 rendez-vous sur la biodiversité organisés par le ministère de l’Environnement en partenariat avec le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ). Karine Dauphin, directrice générale du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) a pris part à l’une de ces rencontres. Nous l’avons rencontré pour mieux comprendre les objectifs, la portée et la mise en œuvre de ce plan qui bénéficie d’un investissement de 650 M$ sur sept ans.
Quels sont les objectifs du Plan Nature 2030?
K.D : « Le Plan Nature 2030 a comme objectif d’atteindre les prochaines cibles mondiales, notamment celle visant à conserver 30% du territoire de la province. Il a l’ambition d’agir sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité, de donner un plus grand accès à la nature à l’ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec et de soutenir les initiatives autochtones en matière de conservation. »
Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur notre biodiversité?
K.D. : « La disparition des habitats, particulièrement des milieux humides, en raison des activités anthropiques comme l’urbanisation, l’agriculture, et l’activité des cannebergières, constitue la plus grande menace. Ces écosystèmes offrent de nombreux services écologiques aux humains. Notamment, ils filtrent les matières en suspension, les polluants et les nutriments et offrent un habitat aux espèces pollinisatrices dont dépend l’agriculture. Plus nous détruisons de milieux humides, moins nous avons accès à ces services écologiques que nous offre gratuitement la nature. »
Pourquoi est-il important de conserver 30% du territoire québécois?
K.D. : « C’est justement une question que nous avons abordée lors du Rendez-vous national de la biodiversité en septembre dernier. La cible de 30% a été établie en fonction de l’objectif mondial. Cependant, pourquoi le Québec ne pourrait-il pas être plus ambitieux ? En effet, la santé humaine dépend des écosystèmes qui fournissent de l’air pur, de l’eau douce, des médicaments et la sécurité alimentaire. Ils limitent également les maladies et stabilisent le climat.
Quels autres sujets ont été abordés lors du Rendez-vous de la biodiversité auquel vous avez participé?
K.D. : « En plus d’être sondés sur notre intérêt à contribuer à l’atteinte des cibles mondiales, nous avons partagé nos opinions, nos attentes, nos préoccupations et nos recommandations relativement aux différentes cibles du Plan Nature 2030. Nous avons pu également faire valoir l’importante contribution des OBV et du ROBVQ dans sa mise en œuvre. »
De manière plus technique, qui a participé aux 18 Rendez-vous de la biodiversité?
K.D. : « Le ROBVQ a été invité par le RNCREQ et le ministère de l’Environnement à participer à la rencontre qui regroupait les organismes provinciaux. Les acteurs locaux qui ont un impact sur l’aménagement du territoire, dont les municipalités, les organismes de bassins versants, et les entreprises, ont été invités à exprimer leurs attentes et leurs propositions dans l’atteinte des cibles mondiales à l’égard du Plan Nature 2030 lors de rencontres régionales. »
Qu’est-ce que le ROBVQ souhaitait apporter aux échanges?
K.D. : « Pour nous, il est essentiel que la conservation soit réfléchie et intégrée à l’échelle des bassins versants. Les projets de conservation ou de restauration devront être choisis en fonction de leur impact réel sur la biodiversité à l’échelle d’un bassin versant.
Les premiers milieux à être ciblés pourraient être ceux, par exemple, qui rendent les meilleurs services écologiques, particulièrement ceux connectés aux plans d’eau. Effectivement, les milieux humides en bordure des plans d’eau offrent un grand potentiel de filtration.
Il est aussi essentiel que tous les acteurs de l’eau soient impliqués dans la conservation des milieux naturels. Ils ont tous un rôle à jouer et subissent ou profitent tous des avantages liés à la conservation d’un territoire. »
Que ressortira-t-il de ces rencontres?
K.D.: « Ces rencontres permettront de compléter le plan Nature par des mesures de conservation des milieux naturels, et ainsi agir sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité et favoriser l’accès à la nature pour l’ensemble de la population québécoise. »