Naviguer dans les eaux de la subjectivité :  Les biais cognitifs et la mobilisation des acteurs

Édition du 5 février 2024

Naviguer dans les eaux de la subjectivité : Les biais cognitifs et la mobilisation des acteurs

Écrit par Sébastien Cottinet, ROBVQ

En tant que socio­logue, mais aussi sur le plan person­nel, ma curio­sité m’a toujours poussé à explo­rer les rela­tions humaines, en parti­cu­lier dans les contextes de concer­ta­tion et de mobi­li­sa­tion. Cette explo­ra­tion est une forme de jongle­rie subtile avec la subjec­ti­vité, un élément incon­tour­nable dans les inter­ac­tions humaines. Et j’ai appris, dans ces cinq dernières années au Regrou­pe­ment des orga­nismes de bassins versants du Québec (ROBVQ), que la gestion inté­grée de l’eau, c’était parler de la ressource, mais aussi, et surtout, échan­ger avec des acteurs qui vivent et incarnent le terri­toire. Je parle ici autant de nos membres dans les orga­nismes de bassins versants (OBV) que des acteurs de l’eau.

L’une des clés pour navi­guer effi­ca­ce­ment dans ces eaux souvent troubles des rela­tions humaines est la compré­hen­sion des biais cogni­tifs. En appre­nant à recon­naître ces biais, non seule­ment chez les autres, mais aussi chez moi, j’ai pu réflé­chir plus objec­ti­ve­ment et commu­niquer un peu plus effi­ca­ce­ment. Cette compré­hen­sion m’aide la plupart du temps à faci­li­ter le dialogue entre les diffé­rents acteurs des groupes dans lesquels je parti­cipe, en embras­sant leur diver­sité de pers­pec­tives, surtout si on me demande d’ani­mer des échanges.

Person­nel­le­ment, je cultive ce que j’ap­pelle un « biais posi­tif » envers les résul­tats atten­dus des discus­sions. Cette atti­tude opti­miste, loin d’être naïve, est un moteur puis­sant qui me pousse à anti­ci­per des résul­tats inat­ten­dus ou même meilleurs que prévu. Dans une session de concer­ta­tion, je suis conti­nuel­le­ment étonné de voir comment des idées peuvent émer­ger et s’épa­nouir de manière impré­vue, surtout lorsque les indi­vi­dus se sentent libres d’ex­plo­rer et de parta­ger sans crainte de juge­ment. D’iden­ti­fier certains des biais cogni­tifs que nous portons tous lors de discus­sions permet de rela­ti­vi­ser plusieurs des aspects qui pour­raient enfler faci­le­ment dans le cours des échanges et ralen­tir la capa­cité du groupe à mettre des idées en commun.

Cette stra­té­gie d’iden­ti­fi­ca­tion des biais, portée d’abord par ma curio­sité et mon opti­misme, offre un cadre dans lequel les défis de la gestion de l’eau (et des acteurs qui la portent) peuvent être abor­dés de manière construc­tive. En recon­nais­sant et en accep­tant la subjec­ti­vité inhé­rente à toute inter­ac­tion humaine, nous pouvons mieux navi­guer dans le complexe réseau des pensées, des émotions et des moti­va­tions. Et vous le savez comme moi, les échanges avec les acteurs qui habitent un terri­toire réveillent à peu près toujours une fibre émotive qui vibre et qu’il faut savoir écou­ter.

En fin de compte, la clé réside dans l’équi­libre entre la recon­nais­sance des biais cogni­tifs de soi et des autres et le main­tien d’une atti­tude posi­tive et ouverte. Cette approche augmente les chances de résul­tats enri­chis­sants tant sur le plan person­nel que collec­tif. Je pour­rais m’étendre sur la longue liste des biais qui existent, mais dans le cadre de cet article, mon objec­tif est plutôt de réveiller votre curio­sité en vous parta­geant la mienne. La subjec­ti­vité, loin d’être un obstacle, peut deve­nir un allié précieux dans notre quête de compré­hen­sion et de progrès. C’est dans cet esprit que je conti­nue à explo­rer, à apprendre et à m’émer­veiller devant la complexité et la beauté des rela­tions humaines.

Pour les curieux, je vous invite à consul­ter cette liste de biais cogni­tifs. C’est une façon amusante de les comprendre et d’es­sayer de voir ceux que vous croyez avoir… On s’en reparle dans un prochain événe­ment du ROBVQ!