Édition du 5 février 2024
Naviguer dans les eaux de la subjectivité : Les biais cognitifs et la mobilisation des acteurs
En tant que sociologue, mais aussi sur le plan personnel, ma curiosité m’a toujours poussé à explorer les relations humaines, en particulier dans les contextes de concertation et de mobilisation. Cette exploration est une forme de jonglerie subtile avec la subjectivité, un élément incontournable dans les interactions humaines. Et j’ai appris, dans ces cinq dernières années au Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ), que la gestion intégrée de l’eau, c’était parler de la ressource, mais aussi, et surtout, échanger avec des acteurs qui vivent et incarnent le territoire. Je parle ici autant de nos membres dans les organismes de bassins versants (OBV) que des acteurs de l’eau.
L’une des clés pour naviguer efficacement dans ces eaux souvent troubles des relations humaines est la compréhension des biais cognitifs. En apprenant à reconnaître ces biais, non seulement chez les autres, mais aussi chez moi, j’ai pu réfléchir plus objectivement et communiquer un peu plus efficacement. Cette compréhension m’aide la plupart du temps à faciliter le dialogue entre les différents acteurs des groupes dans lesquels je participe, en embrassant leur diversité de perspectives, surtout si on me demande d’animer des échanges.
Personnellement, je cultive ce que j’appelle un « biais positif » envers les résultats attendus des discussions. Cette attitude optimiste, loin d’être naïve, est un moteur puissant qui me pousse à anticiper des résultats inattendus ou même meilleurs que prévu. Dans une session de concertation, je suis continuellement étonné de voir comment des idées peuvent émerger et s’épanouir de manière imprévue, surtout lorsque les individus se sentent libres d’explorer et de partager sans crainte de jugement. D’identifier certains des biais cognitifs que nous portons tous lors de discussions permet de relativiser plusieurs des aspects qui pourraient enfler facilement dans le cours des échanges et ralentir la capacité du groupe à mettre des idées en commun.
Cette stratégie d’identification des biais, portée d’abord par ma curiosité et mon optimisme, offre un cadre dans lequel les défis de la gestion de l’eau (et des acteurs qui la portent) peuvent être abordés de manière constructive. En reconnaissant et en acceptant la subjectivité inhérente à toute interaction humaine, nous pouvons mieux naviguer dans le complexe réseau des pensées, des émotions et des motivations. Et vous le savez comme moi, les échanges avec les acteurs qui habitent un territoire réveillent à peu près toujours une fibre émotive qui vibre et qu’il faut savoir écouter.
En fin de compte, la clé réside dans l’équilibre entre la reconnaissance des biais cognitifs de soi et des autres et le maintien d’une attitude positive et ouverte. Cette approche augmente les chances de résultats enrichissants tant sur le plan personnel que collectif. Je pourrais m’étendre sur la longue liste des biais qui existent, mais dans le cadre de cet article, mon objectif est plutôt de réveiller votre curiosité en vous partageant la mienne. La subjectivité, loin d’être un obstacle, peut devenir un allié précieux dans notre quête de compréhension et de progrès. C’est dans cet esprit que je continue à explorer, à apprendre et à m’émerveiller devant la complexité et la beauté des relations humaines.
Pour les curieux, je vous invite à consulter cette liste de biais cognitifs. C’est une façon amusante de les comprendre et d’essayer de voir ceux que vous croyez avoir… On s’en reparle dans un prochain événement du ROBVQ!