La fabrication de neige, est-ce une menace pour nos écosystèmes?

Édition du 5 février 2024

La fabrication de neige, est-ce une menace pour nos écosystèmes?

Écrit par Caroline Gagné, ROBVQ

Les passion­nés de sports de glisse doivent se faire à l’idée : les chan­ge­ments clima­tiques font en sorte que nos montagnes seront main­te­nant couvertes d’un blanc manteau plus tardi­ve­ment en hiver. Pour permettre à leur clien­tèle de déva­ler les pentes en début de saison, les stations de ski du Québec n’ont d’autres choix que de se tour­ner vers la fabri­ca­tion de neige. Cepen­dant, nous devons nous deman­der quel est l’im­pact de cette pratique sur nos ressources en eau.

Les inci­dences

Bien qu’es­sen­tielle pour la pour­suite des acti­vi­tés des stations de ski, la fabri­ca­tion de neige n’est effec­ti­ve­ment pas sans consé­quence pour les écosys­tèmes et nos ressources hydriques. Parmi les impacts possibles connus, citons :

• L’éro­sion des pentes qui augmente la sédi­men­ta­tion des cours d’eau;

• La pertur­ba­tion de la biodi­ver­sité des étangs, des lacs et des rivières où l’eau est puisée. La quan­tité d’eau puisée doit impé­ra­ti­ve­ment assu­rer le fonc­tion­ne­ment mini­mal des écosys­tèmes;

• La modi­fi­ca­tion de la chimie des sols. Effec­ti­ve­ment, l’eau est suscep­tible d’en­traî­ner un enri­chis­se­ment miné­ral des sols où la neige fabriquée a été souf­flée et ainsi pertur­ber le déve­lop­pe­ment des micro-orga­nismes et des végé­taux;

• La pertur­ba­tion des cycles d’en­nei­ge­ment et de fonte de neige, ainsi que des périodes de gel et de dégel des sols, modi­fie le déve­lop­pe­ment de la flore.

Colla­bo­rer pour mieux proté­ger

Les stations de ski du Québec souhaitent mini­mi­ser leur impact sur l’eau, une ressource essen­tielle à leur acti­vité écono­mique. C’est en ce sens que l’Asso­cia­tion des stations de ski du Québec a commandé au groupe GBI un rapport sur les impacts poten­tiels de la fabri­ca­tion de neige sur l’en­vi­ron­ne­ment et la commu­nauté. Ce docu­ment destiné à l’usage exclu­sif de ses membres contient des mesures d’at­té­nua­tion qui aide­ront les stations de ski à pour­suivre l’en­nei­ge­ment méca­nique tout en mini­mi­sant l’im­pact sur le milieu. Voici quelques exemples :

• Instal­la­tion de barrière d’eau pour réduire la vitesse d’écou­le­ment de l’eau de ruis­sel­le­ment;

• Construc­tion de bassins de réten­tion pour capter les sédi­ments avant le plan d’eau;

• Utili­sa­tion d’ou­tils tech­no­lo­giques pour modé­li­ser le couvert neigeux et réduire la quan­tité de neige néces­saire aux opéra­tions.

Dans le même objec­tif, les stations de ski sont invi­tées à colla­bo­rer avec leur orga­nisme de bassin versant (OBV) local. Elles sont notam­ment encou­ra­gées à siéger sur les tables de concer­ta­tion qui regroupent des repré­sen­tants et des repré­sen­tantes de diffé­rents secteurs d’ac­ti­vité (muni­ci­pal, écono­mique, commu­nau­taire, Premières nations). Ceci serait pour eux l’op­por­tu­nité de parti­ci­per aux réflexions entou­rant les enjeux de l’eau, mais aussi de béné­fi­cier du savoir-faire des autres acteurs de l’eau présents sur le terri­toire.

Égale­ment, plusieurs OBV offrent des services qui pour­raient inté­res­ser les stations de ski dont :

• La sauve­garde, la restau­ra­tion ou la créa­tion de milieux humides pour dimi­nuer l’ap­port de conta­mi­nants vers les plans d’eau et pour préve­nir les étiages sévères;

• L’échan­tillon­nage de l’eau, la faune et la flore;

• La collecte de données;

• La réali­sa­tion d’ana­lyses envi­ron­ne­men­tales incluant un plan d’ac­tion;

• La réali­sa­tion d’études sur la dispo­ni­bi­lité des ressources en eau;

• La carac­té­ri­sa­tion de milieux natu­rels.

Les stations de ski peuvent trou­ver leur OBV local en utili­sant cet outil de recherche.