Tortue peinte
Tempo - Édition du 2 décembre 2024
Photoreportage

Que font les animaux aquatiques ou semi-aquatiques du Québec l’hiver?

Vous avez sorti votre manteau d’hiver, votre changement de pneus est fait et vous avez protégé adéquatement vos arbres et arbustes contre les méfaits des souffleuses. Vous êtes fin prêt à affronter l’hiver! Saviez-vous que les animaux aquatiques et semi-aquatiques qui peuplent notre belle province adoptent eux aussi diverses stratégies pour affronter la froide saison? Découvrez-les ici.  

Les couleuvres

Les couleuvres du Québec, telles que la couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis) et la couleuvre d’eau du nord (Nerodia sipedon) ne peuvent réguler leur température corporelle en fonction des conditions extérieures. Elles font donc face aux hivers rigoureux de notre coin de pays en entrant en brumation, une forme de dormance chez les animaux à sang froid qui s’apparente à l’hibernation. Ainsi, leur cœur et leurs organes ralentissent, et leurs besoins en oxygène diminuent. Ce ralentissement physiologique permet à ces animaux semi-aquatiques de survivre pendant plusieurs mois sans manger, en utilisant les réserves d’énergie stockées dans leurs muscles et leurs organes.

 

Photo: Couleuvre d’eau du nord
Nathan A Shepard / shutterstock.com

Pendant l’hiver, les couleuvres se cachent dans des refuges sûrs comme des terriers abandonnés, des fissures rocheuses, ou même sous la litière de feuilles mortes, où elles peuvent s’abriter du froid extrême.  

Au printemps, lorsque les températures remontent, les couleuvres émergent de leurs cachettes pour reprendre leur activité normale, se nourrir et se reproduire. 

 

 

Photo: Couleuvre rayée
Jesse Taylor, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons 

 

Les tortues

Les tortues présentes au Québec, comme la tortue peinte (Chrysemys picta), passent aussi par une phase de brumation. 

Les tortues aquatiques, telles que la tortue serpentine (Chelydra serpentina), s’enfouissent dans la boue au fond des lacs ou des rivières. L’eau froide et les couches de boue agissent comme un isolant naturel, permettant à ces reptiles de survivre sous des températures glaciales sans geler. Elles peuvent survivre pendant plusieurs mois sans respirer activement, car leur métabolisme est suffisamment lent pour leur permettre de survivre avec très peu d’oxygène.

 

Photo: Tortue peinte
Jay Ondreicka / shutterstock.com

D’autres espèces, comme la tortue des bois (Glyptemys insculpta), préfèrent hiberner dans des terriers terrestres, où elles s’abritent du froid en se cachant sous des feuilles mortes, des racines ou des troncs d’arbres. En dépit du froid, ces tortues possèdent la capacité étonnante de tolérer des températures proches du point de congélation sans subir de dégâts corporels, ce qui leur permet de passer l’hiver en toute sécurité jusqu’à l’arrivée du printemps.  

 

Photo: tortue serpentine
Brian Lasenby / shutterstock.com

Les grenouilles

Les grenouilles que l’on trouve ici, telles que la grenouille léopard (Rana pipiens) et la grenouille des bois (Rana sylvatica), se préparent pour l’hiver en se réfugiant sous l’eau, dans des trous dans la terre ou sous des feuilles mortes.

 

Photo: Grenouille léopard
wackybadger, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons



Les grenouilles sont des expertes dans la gestion du froid grâce à des adaptations biologiques qui leur permettent de survivre à des températures glaciales. Certaines espèces comme la grenouille des bois peuvent même survivre à des températures aussi basses que –4°C, en partie en produisant des molécules cryoprotectrices comme le glucose, qui agit comme un antigel pour protéger leurs cellules du gel. Ces grenouilles sont capables de cesser presque toute activité biologique pendant l’hiver. Les processus métaboliques ralentissent à un point tel qu’elles ne respirent presque plus, et leur cœur bat à un rythme extrêmement lent.  

Une fois que les températures remontent au printemps, les grenouilles se décongèlent et reprennent progressivement leurs fonctions corporelles normales.  

 

Photo: Grenouille des bois
Catherine Émond 

Les pois­sons

Les poissons d’eau douce du Québec, tels que la perchaude (Perca fluviatilis), le doré jaune (Sander vitreus) et le brochet (Esox lucius), survivent à l’hiver en modifiant leur comportement. Lorsque l’eau devient plus froide, ces poissons ralentissent leur activité métabolique et se dirigent vers des zones plus profondes des lacs et des rivières. L’eau plus profonde reste plus stable en température, bien qu’elle soit généralement proche du point de congélation. 

Une fois sous la glace, les poissons diminuent leur rythme cardiaque et leur respiration pour conserver l’énergie. La couche de glace qui se forme à la surface des plans d’eau agit comme un isolant naturel, réduisant la perte de chaleur et empêchant l’oxygène dissous dans l’eau de s’évaporer.

 

Photo: Perchaude
Dellex, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Bien que leur activité soit minimale pendant les mois d’hiver, les poissons peuvent encore se nourrir de petits organismes aquatiques qui demeurent actifs sous la glace.  

Par ailleurs, certains poissons peuvent s’adapter à des concentrations d’oxygène plus faibles, une caractéristique qui leur permet de survivre à des périodes de faible disponibilité d’oxygène. 

Les poissons du Québec sont donc bien préparés pour affronter l’hiver, grâce à une combinaison de ralentissement métabolique et de stratégies de gestion de l’oxygène dissous dans l’eau. 

 

Photo: Brochet
Georg Mittenecker, CC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons