Édition du 2 décembre 2024
Médicaments et environnement : comment limiter la contamination des eaux par les produits pharmaceutiques
Lorsque l’on pense à la pollution de l’eau, la première image qui nous vient en tête est sans doute les îles flottantes de plastique. Cependant, les scientifiques s’intéressent de plus en plus à une pollution invisible, mais tout autant préoccupante pour la santé des écosystèmes : les produits pharmaceutiques dans l’eau. Explorons les sources de cette contamination, les conséquences de celle-ci et surtout les bons gestes à adopter pour limiter les dommages sur notre santé et l’environnement.
D’où proviennent les médicaments dans l’eau?
Ce type de contamination de l’eau est principalement due aux rejets accidentels ou volontaires dans les égouts, aux excrétions des humains dans les eaux usées et à celles des animaux d’élevage qui peuvent se retrouver dans les lisiers et les fumiers utilisés comme engrais. Les boues d’épuration peuvent aussi être une source de contamination lorsqu’elles sont épandues.
Les eaux usées des villes et municipalités peuvent subir divers traitements avant de gagner nos cours d’eau (étangs aérés, traitement physico-chimique, chloration, etc.). Malheureusement, ceux-ci ne parviennent pas à éliminer toute trace de médicament.
Les conséquences de cette contamination
Les scientifiques rapportent des effets notables de la présence de produits pharmaceutiques dans l’eau sur la faune marine, notamment la féminisation de poissons mâles due à la présence d’hormones. Ces substances perturbent la reproduction des espèces, menaçant leur survie à long terme. De plus, des antidépresseurs présents dans les eaux modifient les comportements de certains poissons, les rendant plus vulnérables aux prédateurs. Enfin, certaines molécules toxiques contribuent à la réduction dramatique des populations aquatiques, mettant en danger plusieurs espèces.
Bonne nouvelle, une veille scientifique sur les produits pharmaceutiques et de soins personnels (PPSP) dans l’eau réalisée par l’INSPQ mentionne que « les auteurs consultés ayant mené des évaluations sur les risques à la santé humaine concluent en général qu’il est peu probable que des effets soient observés aux concentrations de PPSP retrouvées dans l’eau potable. » Les traitements effectués sur l’eau potable semblent donc efficaces. Cependant, en raison des limites associées aux évaluations faites, les recherches doivent se poursuivre pour mieux comprendre l’impact de PPSP dans l’eau potable et étudier des problématiques associées comme l’impact potentiel sur la résistance microbienne.
Les bons gestes
Afin de limiter la contamination des eaux par les médicaments, il s’avèrerait impératif d’améliorer l’efficacité des stations d’épuration. L’industrie pharmaceutique devrait également jouer un rôle de premier plan en favorisant la conception de produits qui ne s’accumuleraient pas dans l’environnement.
Cela dit, plusieurs actions simples, mais efficaces, peuvent également être adoptées individuellement:
- Éviter de jeter les médicaments dans les toilettes ou les éviers : Les médicaments périmés ou non utilisés doivent être rapportés en pharmacie afin qu’ils soient éliminés de manière sécurisée.
- Consommer les médicaments de manière responsable : En respectant les doses prescrites et les moments de prise, ainsi qu’en évitant l’automédication, on limite les rejets de produits pharmaceutiques dans l’eau.
- Sensibiliser son entourage : Il est crucial d’informer les gens qui nous entoure sur l’impact environnemental des médicaments et surtout de promouvoir les comportements responsables.
La gestion des médicaments dans l’environnement est un enjeu majeur pour la préservation des écosystèmes. Adopter de bons comportements et encourager des technologies plus efficaces sont des étapes cruciales pour réduire cette pollution invisible et préserver la qualité de l’eau.
Cet article a été écrit dans le cadre de la campagne de sensibilisation Pensez Bleu menée par Réseau Environnement de concert avec le Centre d’interprétation de l’eau (C.I.EAU) et le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) et financé par le gouvernement du Québec.