L'AcadieLab, un laboratoire vivant reliant les producteurs à leur agroécosystème

Édition du 16 avril 2018

L'AcadieLab, un laboratoire vivant reliant les producteurs à leur agroécosystème

Écrit par Marie-Hélène GENDRON, Coordonnatrice des opérations - ROBVQ & Marie-Pierre MAURICE, Coordonnatrice du projet - Club Techno Champ 2000

Débuté en 2014, le projet collec­tif agri­cole de la rivière l’Aca­die amont se démarque par son approche de living lab ou de labo­ra­toire vivant. Cette démarche inno­vante est basée sur l’im­pli­ca­tion active des agri­cul­teurs, non seule­ment dans le proces­sus d’ac­qui­si­tion de connais­sances, mais aussi dans la prise de déci­sion. Elle se base sur un proces­sus itéra­tif incluant la tenue de nombreux ateliers et de rencontres collec­tives, en plus des rencontres indi­vi­duelles et des expé­ri­men­ta­tions au champ. C’est l’objec­tif même du projet : mobi­li­ser dura­ble­ment les produc­teurs agri­coles et les diffé­rents inter­ve­nants du terri­toire autour de solu­tions agroen­vi­ron­ne­men­tales pouvant répondre aux enjeux de leur bassin versant. Ce bassin versant est d’en­vi­ron 250 km2 où plus de 15 000 hectares sont en culture. Le projet est porté par le Club Techno Champ 2000 et de nombreux colla­bo­ra­teurs y parti­cipent régu­liè­re­ment, dont le COVA­BAR

Cocons­truc­tion, inno­va­tion, expé­ri­men­ta­tion : une démarche qui inspi­re…

Projet collectif rivière Acadie amont 1L’ap­proche de living lab s’ap­puie sur la proac­ti­vité des agri­cul­teurs et des inter­ve­nants : les solu­tions sont cocons­truites. Ainsi, elles ne sont pas pré-déter­mi­nées, ni impo­sées, mais venues du milieu lui-même et donc adap­tées à sa réalité. Les savoirs des agri­cul­teurs sont valo­ri­sés et l’ap­pro­pria­tion des connais­sances est progres­sive, volon­taire et dans ce proces­sus la rela­tion des produc­teurs avec leur agroé­co­sys­tème change. L’Aca­die­Lab repose sur un autre postu­lat impor­tant, soit celui de l’ex­pé­ri­men­ta­tion : tester, quitte à faire erreur, tout en étant accom­pa­gné par des experts dont les inter­ven­tions permettent de mieux comprendre les résul­tats obte­nus et d’adap­ter les solu­tions expé­ri­men­tées en consé­quence

Aussi, le projet collec­tif agri­cole de la rivière l’Aca­die béné­fi­cie d’une étroite colla­bo­ra­tion avec le milieu univer­si­taire. L’UQTR soutient le déve­lop­pe­ment et le suivi de l’ap­proche colla­bo­ra­tive en place et l’or­ga­nisme Rang3 a été créé pour appuyer et coor­don­ner la démarche Living Lab. L’ap­proche d’in­no­va­tion ouverte inspire aussi de nouveaux projets à émer­ger sur le terri­toire. Le projet de modé­li­sa­tion de pertes de sol, mené prin­ci­pa­le­ment par l’UQTR, et le projet axé sur la lutte inté­grée en grandes cultures, en colla­bo­ra­tion avec le Pôle d’Ex­cel­lence en Lutte Inté­grée, en sont des exemples.

… et qui donne des résul­tats

Projet collectif rivière Acadie amont 2

Entre 2014 et 2017, 50 produc­teurs agri­coles se sont impliqués acti­ve­ment et ont parti­cipé aux rencontres, ateliers et événe­ments de façon entiè­re­ment béné­vole et des nouvelles entre­prises agri­coles s’ajoutent chaque année. Ils essaient égale­ment de nouvelles pratiques : treize ont amélioré leurs bandes rive­raines ; quatorze limitent leur arro­sage en bords de champs ; douze ont effec­tué des travaux pour limi­ter le ruis­sel­le­ment ; neuf ont mis en place une culture inter­ca­laire; neuf ont expé­ri­menté des pratiques visant à réduire l’ap­pli­ca­tion d’azote dans leur champ de maïs et plusieurs sont inté­res­sés par des projets de réamé­na­ge­ment à des fins d’amé­lio­ra­tion de la biodi­ver­sité, dont trois qui les ont déjà réaliséLes produc­teurs impliqués dans le projet sont libres d’ex­pé­ri­men­ter des pratiques, et lorsque celles-ci répondent à un besoin réel pour leur entre­prise, ils l’adoptent de façon durable. Et ces retom­bées sont incré­men­tielles, car asso­ciées à une commu­nauté de produc­teurs mobi­li­sés et de plus en plus nombreux, dont les façons de penser et les pratiques évoluent au fil du projet.