Projet Castor: Des chantiers de recherche actifs

Édition du 24 mai 2022

Projet Castor: Des chantiers de recherche actifs

Écrit par Céline Schaldembrand, ROBVQ

Ce projet collec­tif de gestion inté­grée de l’eau en milieu agri­cole sur le ruis­seau au Castor (Monté­ré­gie), lancé en novembre dernier, a permis de mettre sur pied cinq (5) chan­tiers de recherche. Ceux-ci doivent soute­nir la prise de déci­sion des produc­teurs agri­coles et mener à la mise en place d’ac­tions qui améliorent la qualité de l’eau et des sols du bassin versant du ruis­seau au Castor tout en main­te­nant des acti­vi­tés agri­coles viables écono­mique­ment. Ces chan­tiers sont menés soit par des cher­cheurs soit par des profes­sion­nels, tels que des conseillers agro­no­miques. Nous présen­tons ici briè­ve­ment les avan­cées de chaque chan­tier de recherche, et le cas échéant, les actions qui en sont issues:


1– Gestion de l’eau/hydro­géo­mor­pho­lo­gie

Espaces de liberté

Des cher­cheurs de l’Uni­ver­sité Concor­dia ont réalisé un diag­nos­tic hydro­géo­mor­pho­lo­gique du bassin versant du ruis­seau Castor incluant la déli­mi­ta­tion des espaces de liberté mini­mum et fonc­tion­nel, l’éva­lua­tion de l’in­dice de qualité morpho­lo­gique (IQM) et de l’in­dice de qualité de l’ha­bi­tat du pois­son (IQHP). À la suite de ce diag­nos­tic, pour faci­li­ter la prise de déci­sion des produc­teurs agri­coles, ils ont réalisé un tableau présen­tant les avan­tages et incon­vé­nients de la mise en place d’un espace de liberté. Toute­fois, deux enjeux sont encore en cours de docu­men­ta­tion:

• L’im­pact des racines des arbres présents dans l’es­pace de liberté sur le système de drai­nage souter­rain;

• L’im­pact de l’aug­men­ta­tion de la biodi­ver­sité sur le ravage des cultures.

Bandes rive­raines

Ce projet qui découle du précé­dent intègre les sites inscrits dans l’es­pace de liberté pour l’im­plan­ta­tion de bandes rive­raines. Toute­fois, de nouvelles données LIDAR acquises en février 2022 forcent l’iden­ti­fi­ca­tion de nouveaux sites et donc l’in­té­gra­tion de nouveaux produc­teurs agri­coles, de même que la plani­fi­ca­tion de nouveaux aména­ge­ments.

Pratiques alter­na­tives de drai­nage agri­cole

Ce projet a pour objec­tif d’éva­luer le rempla­ce­ment de tout ou partie d’un fossé de ferme par un bioréac­teur consti­tué de biochar et de copeaux de bois dans un milieu anaé­ro­bie en charge. Ce bioréac­teur captera le phos­phore et l’azote avant de reje­ter l’eau du champ vers la rivière. Consi­dé­rant le carac­tère inno­vant (tech­no­lo­gie) et le format impor­tant de l’ou­vrage, un proto­type terrain à échelle réduite sera d’abord construit.


2– Gestion des sols et ferti­li­sants

Cultures de couver­ture et culture inter­ca­laire

Les produc­teurs agri­coles ont béné­fi­cié de deux acti­vi­tés de trans­fert de connais­sances et de visites sur leurs exploi­ta­tions afin de les infor­mer sur les cultures de couver­ture et sur les cultures inter­ca­laires.

Rota­tion des céréales

Près de 85 hectares ont été plan­tés en céréales de prin­temps et 104 ha en céréales d’au­tomne. Les résul­tats de ces parcelles seront évalués dans les prochaines semaines.

Systèmes cultu­raux alter­na­tifs, santé des sols et qualité de l’eau

Par ailleurs, un projet est en cours afin d’éva­luer comment les bonnes pratiques de gestion des sols peuvent amélio­rer la santé des sols, et par consé­quent réduire l’uti­li­sa­tion d’in­trants pour les cultures, en plus d’aug­men­ter le rende­ment et amélio­rer la qualité de l’eau.

Ce projet offre des avan­tages spéci­fiques aux produc­teurs du ruis­seau au Castor, tels que : (i) l’éla­bo­ra­tion d’un proto­cole pour évaluer et surveiller la santé des sols; et (ii) l’ana­lyse des coûts et gains en services écolo­giques liés à l’adop­tion de bonnes pratiques cultu­rales et à la santé des sols. C’est pourquoi le projet sera mis en place sur trois champs pour le volet 1: (i) champs témoin géné­ral en prai­rie depuis plusieurs années, (ii) champ de maïs avec ajouts d’en­grais vert depuis plus de 5 ans, (iii) champs de blé avec ajout d’en­grais vert depuis 18 mois. Pour le volet 2, cinq champs en culture conven­tion­nelle seront compa­rés à un champ en semi direct, un champ en culture biolo­gique depuis quelques années, et un champ en période de tran­si­tion biolo­gique. Les résul­tats sont à venir.


3– Gestion socio-écono­mique

Gilbert Lavoie, agroé­co­no­miste, a reçu le mandat en décembre 2021 de calcu­ler les béné­fices et les coûts d’im­plan­ta­tion de pratiques agroen­vi­ron­ne­men­tales. Cette évalua­tion inclut: les coûts d’im­plan­ta­tion de cultures de couver­ture et l’ajout d’une céréale dans le cycle de rota­tion, la conver­sion de super­fi­cies de cultures en bandes rive­raines élar­gies (dans l’es­pace du corri­dor de liberté) et autres aména­ge­ments pérennes.


4– Gestion des lisiers et fumiers

Agri­nova, une firme de recherche et inno­va­tion en agri­cul­ture, a effec­tué un état des lieux rela­ti­ve­ment à la gestion des fumiers dans le bassin versant (modes d’en­tre­po­sage des fumiers et des bioso­lides, pratiques d’épan­dage et gestion des surplus) afin de produire un plan d’ac­tion et de formu­ler des recom­man­da­tions incluant la défi­ni­tion de projets de recherche. L’or­ga­nisme a procédé à la cueillette de données en janvier 2022. Les conseillers agro­no­miques seront mis à contri­bu­tion pour trans­fé­rer ces connais­sances auprès des produc­teurs agri­coles dans le but d’amé­lio­rer la gestion de leur fumier.


5– Gestion des données

L’équipe locale s’est adjoint les services de Agro­Centre Farn­ham afin de mettre en place et main­te­nir à jour une base de données afin de colli­ger dans un seul et même endroit les données produites dans le cadre du présent projet. Cette base de données est acces­sible aux cher­cheurs, conseillers agro­no­miques et aux produc­teurs agri­coles parti­ci­pant au projet.

L’équipe locale produit doré­na­vant son info­lettre, l’info Castor. Produite quatre (4) fois par an, elle est dispo­nible sur le site web du ROBVQ à la page dédiée du projet