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Projet Castor

Contexte

De nombreuses initiatives collectives visant l’amélioration de la qualité de l’eau ont été menées en milieu agricole ces dernières années. Cependant, notamment par manque d’investissements à long terme, nécessaires au maintien de la mobilisation des acteurs, elles n’ont pas permis d’observer les résultats escomptés sur la santé des écosystèmes.

C’est donc fort de ce constat que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre le changement climatique (MELCC), accompagné du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) ainsi que du ministère des Forêts de la Faune et des Parcs (MFFP), a décidé de soutenir, pour la première fois au Québec, un projet d’envergure à long terme (10 ans) visant l’amélioration des écosystèmes dans un bassin versant à forte vocation agricole et qui permettra d’identifier des stratégies de soutien financier à long terme des producteurs agricoles pour pérenniser l’adoption de pratiques agroenvironnementales.

Mandaté par le MELCC, le ROBVQ assure la démarche concertée et la gestion du budget de réalisations. Il assure également la supervision générale de la démarche au sein du bassin versant et à l’échelle provinciale. Le ROBVQ se réfère au comité interministériel (MAPAQ-MELCC-MFFP) en regard des orientations générales et des grandes étapes attendues du projet.

Objectifs et portée

À partir du suivi de différents indicateurs concrets et pertinents, d’ici à 2030, le projet devra démontrer :

  • Une amélioration des indicateurs de santé aquatiques et terrestres des écosystèmes du bassin versant ;
  • Un engagement à long terme des producteurs agricoles dans l’adoption et le maintien de pratiques agroenvironnementales ;
  • La bonne santé économique des entreprises agricoles impliquées dans le projet ;
  • Que l’adoption de pratiques agroenvironnementales crée des bénéfices pour les entreprises agricoles et pour leur communauté.

Les principaux acteurs

Crédit photo: Marie-Ève Bernard, MAPAQ

Les producteurs agricoles sont au cœur du projet. Grâce à leur savoir expérientiel, ils précisent les orientations et les actions à mettre en place dans le bassin versant et sur leur entreprise, préconisées par les chercheurs et répondant aux objectifs du projet. Pour ce faire, ils inspirent certains thèmes de recherche et identifient les actions en agroenvironnement qui les intéressent de même que les modes d’accompagnement et, au besoin, les mécanismes de compensation qu’ils privilégient pour que les actions soient viables à long terme.

Pour les représenter, ils ont constitué un comité de travail formé de 7 producteurs, accompagnés de 2 représentants de la communauté locale que sont l’OBV Baie Missisquoi et la MRC Brome Missisquoi. Ce comité constitue l’équipe locale.

Les producteurs agricoles de l’équipe locale gèrent des exploitations de natures et de tailles différentes (petite à très grande). Quatre sont des entreprises de production animale. Ces producteurs agricoles sont considérés innovants tant dans leurs pratiques de gestion que dans leur adoption de pratiques ago-environnementales, telles que:

  • 1 exploitation biologique et 1 en transition ;
  • Plusieurs pratiquent le semis direct, dont une depuis plus de 10 ans ; 
  • Les exploitation demeurée en régie conventionnelle ont arrêté le labour depuis plusieurs années ;
  • La majorité travaillent en étroite collaboration avec des conseillers agronomiques, pratiquent les cultures de rotation et de couverture ainsi que la gestion intégrée des ravageurs;
  • Plusieurs pratiquent une agriculture de précision, la culture sur billons, etc.

L’équipe locale assure le rôle de porte-parole de l’ensemble des acteurs agricoles du bassin versant, incluant les producteurs, auprès des chercheurs et professionnels de recherche. Elle a, par ailleurs, la responsabilité de favoriser la concertation entre les acteurs agricoles. Elle anime les activités de concertation et recueille les orientations privilégiées par les producteurs et les acteurs agricoles pour l’avancement du projet, en respectant les objectifs ministériels. Elle identifie, avec le ROBVQ, l’INRS et les chercheurs, les projets, actions et mécanismes de rétribution à proposer aux producteurs agricoles et ce, tant au niveau de la recherche que de la réalisation, et menant à la production du plan d’action dont elle coordonnera la mise en œuvre.
Au besoin, l’équipe locale s’adjoint les services nécessaires, auprès d’experts locaux et de la communauté en général, afin de bien faire rayonner le projet.

Les chercheurs et professionnels de recherche issus principalement d’universités, d’instituts de recherche et de ministères, coordonnés par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), ils ont le mandat, en collaboration avec l’équipe locale :

  • D’établir le portrait initial des écosystèmes terrestres et aquatiques du territoire, de proposer des pratiques agricoles de moindre impact pour l’environnement et viables à long terme ;
  • D’identifier les incitatifs et impacts socio-économiques de l’adoption, le cas échéant, de ces pratiques ;
  • De suivre et d’évaluer les impacts écologiques, économiques et sociologiques qui découlent de la mise en œuvre des pratiques.

Mise en oeuvre

Vue aérienne d’une partie du ruisseau Castor (Montérégie)

Suite à un processus de sélection, le ruisseau au Castor a été identifié pour faire l’objet de ce projet-pilote d’envergure financé à hauteur de plus de 5,2 M$ dans le cadre du Plan d’action 2018-2023 de la Stratégie québécoise de l’eau, et dont le financement sera poursuivi lors du deuxième plan d’action. Il s’agit d’un petit tributaire de la rivière aux Brochets qui se déverse dans la Baie Missisquoi en Montérégie. Située dans une région agricole, celle-ci est régulièrement victime d’éclosion de cyanobactéries (algues bleu vert).

Très rapidement, l’équipe locale s’est dotée d’une structure de gouvernance répondant aux besoins des producteurs et du projet. En parallèle, les chantiers de recherche ont été identifiés de façon concertée, plusieurs activités de transfert de connaissances des chercheurs vers les producteurs se sont tenues et des réflexions ont été initiées afin d’identifier les meilleures actions à mettre en place pour l’atteinte des objectifs du projet.

Pour répondre aux enjeux environnementaux du bassin versant et sociaux-économiques des producteurs agricoles, cinq (5) chantiers de recherche ont vu le jour. Et, chaque chantiers a mené à l’identification de projet potentiels, tels que:

  • Cultures de couverture

    Gestion de l’eau/hydrogéomorphologie
    • Espaces de liberté;
    • Bandes riveraines;
    • Pratiques alternatives de drainage agricole.
  • Gestion des sols et fertilisants
    • Cultures de couverture et cultures intercalaires;
    • Rotation des céréales;
    • Systèmes culturaux alternatifs, santé des sols et qualité de l’eau.
  • Gestion des lisiers et fumiers

Diagnostic et plan d’action quant à l’entreposage des fumiers et des biosolides, aux pratiques d’épandage et de gestion des surplus) dans le bassin versant.

  • Gestion socio-économique

Calcul des coûts et bénéfices d’implantation des projets identifiés dans chaque chantier de recherche.

  • Gestion des données

Mise en place et maintien à jour d’une base de données relatives au projet accessible aux acteurs du projets (producteurs agricoles, chercheurs et conseillers agronomiques).

Partenaire financier

Cette initiative est prévue dans le Plan d’action 2018-2023 de la Stratégie québécoise de l’eau, qui déploie des mesures concrètes pour protéger, utiliser et gérer l’eau et les milieux aquatiques de façon responsable, intégrée et durable.