Édition du 22 novembre 2021
L’enlèvement du phosphore dans l’angle mort en Gaspésie
Au Conseil de l’Eau Gaspésie Sud (CEGS), on s’inquiète depuis quelques années de la prolifération d’algues, présentes notamment dans la rivière Bonaventure. Et si les rejets des stations municipales de traitement des eaux usées contribuaient au problème? Bien que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) publie annuellement des rapports de performance sur les ouvrages d’assainissement des eaux usées et que l’Atlas sur l’eau donne les informations sur la conformité des rejets des effluents pour chacune des stations d’épuration qui sont géolocalisées, les données actuelles ne permettent pas d’établir un portrait complet à l’échelle du bassin versant.
Le CEGS s’est donc tourné vers Fondation Rivières afin de dresser un état de la situation sur son territoire. La Fondation a déjà analysé la performance de plus de 200 municipalités au Québec avec le concours de six OBV. Ces projets s’appuient sur l’expertise d’une équipe spécialisée en assainissement, ainsi que d’une puissante base de données relationnelle contenant les données officielles soumises par les municipalités. Grâce aux efforts de concertation d’Erika Ouellet, chargée de projet au CEGS, la très grande majorité des municipalités du territoire ont accepté de collaborer au projet sous la forme d’une entrevue avec la personne responsable de l’exploitation et d’un questionnaire détaillé. Ces entrevues, combinées à la connaissance du CEGS de son territoire, se sont révélées indispensables pour la formulation de recommandations adaptées aux enjeux locaux.
Ce mandat, réalisé cette année, a permis de mettre en lumière de nombreux enjeux en lien avec la gestion des eaux usées. Notamment, certaines stations déversant leurs eaux usées dans des rivières à saumons, des milieux hautement sensibles à l’eutrophisation, ne sont pas tenues de procéder à l’enlèvement du phosphore ni de mesurer ce paramètre à l’effluent. Et c’est un enjeu qui préoccupe grandement les responsables des stations d’épuration du territoire qui nous en ont parlé. En comparaison, à l’échelle du Québec, c’est près de 70% des stations qui possèdent une exigence d’enlèvement du phosphore et l’efficacité moyenne de ce type de traitement est de 75%. La norme est établie selon la sensibilité ou selon le niveau de saturation en phosphore du milieu récepteur, tel que défini dans la position ministérielle sur les rejets en phosphore. Le projet a permis de mieux documenter les rejets en phosphore des ouvrages municipaux d’assainissement à l’échelle du bassin versant afin de sensibiliser les acteurs locaux dans l’identification de solutions concrètes.