Boîte à outils sur la participation citoyenne
3.2 Cycle de Jones : un bon exemple de démarche
Le cycle de Jones (voir la figure 3) représente bien la philosophie de gouvernance participative (c’est-à-dire de faire la gestion intégrée de l’eau par bassin versant en impliquant le plus possible les acteurs de l’eau et la population) que prône la Politique nationale de l’eau du Québec ainsi que le ROBVQ. Bien que ce cycle ait été pensé dans le cadre d’un programme de suivi d’un bassin versant, il est possible de l’utiliser dans le contexte de la participation citoyenne.
La clé est la même que dans le cadre d’un programme de suivi d’un bassin versant, soit un équilibre entre les quatre étapes du cycle où les acteurs sont constamment interreliés.
Voici le cycle de Jones de manière plus détaillée et appliquée à la réalité des OBV.
- 1. Le cycle commence avec «l’avis scientifique», où des scientifiques et des spécialistes étudient une problématique dans le bassin versant et établissent qu’il y a un problème, par exemple un problème d’érosion sur un cours d’eau. Appliqué aux OBV, cet «avis scientifique» pourrait être représenté par la partie scientifique du portrait du PDE, lui-même soutenu par plusieurs études et données validées. Ici, l’OBV, son comité technique et les scientifiques et études consultés pourraient donc incarner l’avis scientifique.
- 2. La deuxième étape du cycle constitue en une «appropriation du problème par la communauté ainsi que l’éducation et la sensibilisation de cette dernière face à ce même problème». Les scientifiques et la population interagissent ensemble, la population faisant part de ses perceptions aux scientifiques et ces derniers s’assurant de la validité scientifique des affirmations de la communauté, tout en utilisant la vulgarisation pour rectifier les perceptions erronées s’il y a lieu. Cette étape représente très bien la première consultation publique où l’OBV compile les perceptions de la population au début du portrait et débute l’éducation et la sensibilisation auprès de celle-ci (activités qui devront continuer d’être menées tout au long du processus pour maintenir un bon niveau de mobilisation).
Il est très important de noter que les deux premières étapes se font parallèlement, soit la collecte des données scientifiques tout en consultant la population sur ses perceptions dans le but de faire le portrait le plus complet possible du territoire. L’idée n’est pas d’imposer le savoir scientifique à la population mais bien de joindre ce savoir aux perceptions locales. Il est primordial de récolter les perceptions car cela favorisera la participation citoyenne pour la suite des événements.
- 3. La troisième étape est celle de la «valorisation à long terme du milieu». Un plan d’action peut par exemple être développé, comprenant une série d’actions visant à rectifier les situations problématiques et impliquant une majorité d’acteurs étant volontaires pour faire une ou plusieurs de ces actions. On parle ici de la deuxième consultation publique dans le cadre du processus d’élaboration du PDE où l’OBV demande aux acteurs de l’eau et à la population de prioriser les actions du plan d’action du PDE. Selon une entente avec l’OBV (communément appelée les contrats ou ententes de bassin), les acteurs de l’eau sélectionnent celles qu’ils pourront mettre en oeuvre dans leur milieu respectif. Il est alors possible de planifier la valorisation du milieu à long terme par l’entremise d’un plan d’action qui se renouvellera selon les opportunités.Ce dernier est constitué d’actions concrètes à court, moyen et long terme.
Cette étape outrepasse la seule consultation publique, elle constitue en quelque sorte le début de la mise en oeuvre du PDE et de son plan d’action par les acteurs de l’eau et de la population. La mise en oeuvre du PDE se fait ensuite jusqu’à ce qu’il y ait nécessité de faire une mise à jour du portrait du PDE et des perceptions de la population, ce qui entraînera ensuite une nouvelle priorisation des actions.
- 4. Ainsi, lorsqu’une communauté complète se mobilise et prend en main les problématiques du bassin versant, le cycle peut se compléter avec la quatrième étape qui est «l’appui politique». Réalisant que le milieu est bien organisé et qu’il se porte volontaire pour prendre en charge le cours d’eau, les élus seront probablement plus disposés à offrir un support de diverses natures (par exemple monétaire pour l’appui de projets, ou réglementaire pour corriger certaines situations problématiques nécessitant la création ou la mise à jour de lois ou règlements).
Le cycle peut ainsi se poursuivre sans arrêt puisque l’appui politique pourrait entraîner, par exemple, un financement accru ou le lancement d’études approfondies qui permettrait une meilleure acquisition de connaissances. Avec ces nouvelles données, le milieu scientifique serait en mesure de préciser certaines problématiques qui modifieront peut-être le portrait du PDE et les perceptions des gens et ainsi, le cycle de Jones continuera.
Le milieu politique pourrait aussi épauler les OBV et les acteurs de l’eau dans le développement de projets ou la mise en oeuvre d’actions, ce qui pourrait entraîner ici aussi un changement dans le portrait du PDE ou dans les perceptions de la population.
Il peut toutefois y avoir un certain délai avant que le cycle reprenne car il est important de laisser le temps aux projets de se mettre en oeuvre ou que de nouvelles problématiques émergent dans le bassin versant.
Pour plus d’informations concernant le cycle de Jones, vous pouvez consulter :
Jones, C., R.M. Palmer, S. Motkaluk et M. Walters (2002). Watershed health monitoring : emerging technologies. Lewis Publishers. 227 pages