En cette Journée mondiale de l’eau, je souhaite vous partager mes réflexions sur la culture entourant notre précieuse ressource.

Depuis la fin des années 90, des pas de géants ont été franchis pour améliorer nos pratiques de gestion et de gouvernance de l’eau au Québec. Cependant, malgré certaines avancées, des enjeux concernant les ressources en eau demeurent préoccupants, certains pouvant être exacerbés par les changements climatiques. Ces enjeux, trop importants pour être ignorés, sont de plus en plus pris en compte dans les outils de planification gouvernementaux et municipaux. Compte tenu des décennies de travail des organismes de bassins versants, nous sommes d’avis qu’un changement de culture doit s’opérer pour optimiser nos actions.

Redéfinir la notion de succès

Les cibles à atteindre en lien avec les enjeux de l’eau sont actuellement considérées comme méconnues, abstraites et inatteignables par les acteurs de l’eau. Il y a un décalage entre la réalité quotidienne des acteurs et les cibles établies. Il faut redéfinir la notion du succès collectif en matière de gestion de l’eau, un succès à l’image des acteurs de l’eau et des réalités du Québec. Ce succès se doit d’être axé sur l’opportunisme d’agir, l’adaptation et la résilience collective, plutôt que seulement sur l’amélioration des conditions de l’eau. Utiliser durablement le territoire et les ressources, augmenter sa résilience face aux risques hydroclimatiques, réussir à concilier les différents usages de l’eau, voilà de véritables succès qui ont des impacts tangibles pour les acteurs de l’eau. Ces objectifs vont bien au-delà de l’objectif de protection de l’eau et des indicateurs de qualité de l’eau, mais permettent de susciter l'espoir, la confiance, la mobilisation et l'engagement.

Embrasser la complexité

Les problématiques de l’eau sont d’une complexité non négligeable, en particulier à l’égard des acteurs de l’eau. On constate en effet une grande diversité dans leurs intérêts, leurs préoccupations, leurs besoins et leurs vulnérabilités, de même que dans leurs approches et leurs stratégies utilisées pour tenter d’adresser les enjeux de l’eau. On se doit d’embrasser la complexité et de miser sur l’interdépendance entre les acteurs. Les enjeux de l’eau sont trop importants pour simplifier ces complexités et il faut apprendre à naviguer parmi celles-ci avec la collaboration des acteurs. Ce travail nécessite un effort accru de concertation et de recherche de consensus pour atteindre un réel engagement du milieu et une valeur ajoutée pour tous.

Défaire les silos

Les rôles et les responsabilités, de même que les ressources disponibles, sont considérablement fragmentés. La gestion de l’eau s’opère en silo. Cette fragmentation mène à un manque flagrant d’opportunités et résulte en une inefficacité dans l’utilisation des ressources techniques, organisationnelles et financières. Il faut assurer l’intégration et la collaboration. Ce travail doit s’opérer à la fois à l’échelle des acteurs de l’eau des territoires, mais également à l’échelle des ministères du gouvernement du Québec. Il faut miser sur l’innovation et la créativité pour identifier des opportunités d’intégration qui permettent une meilleure efficacité dans l’investissement des ressources allouées à la gestion de l’eau.

Orchestrer la GIRE au Québec

Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) œuvre, comme les OBV du Québec à l’échelle de chacune des régions, à porter cette culture de l’eau inclusive, intégrée et misant sur le succès collectif redéfini. C’est pourquoi nous croyons et nous nous efforçons de renforcer nos capacités d’orchestration de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). Nous remercions les instances des secteurs communautaire, économique, municipal et des Premières Nations, de même que les instances gouvernementales, pour leur collaboration et leur implication. Notre main est tendue et nous sommes fiers de pouvoir contribuer, avec vous, à une stratégie partagée, pérenne et intégrée.



Mathieu Madison
Président du ROBVQ