Ce vendredi 22 mars 2024, l'humanité célèbrera la Journée mondiale de l’eau. Cet événement à la portée décuplée par la multiplication des épisodes climatiques extrêmes liés aux changements climatiques, se voit l'opportunité idéal pour repenser une gestion de la ressource à une échelle plus large. Dans ce texte, je tiens à vous faire part de notre vision de ce que pourrait-être le futur d’une gestion intégrée de la ressource eau hors des silos et des cloisonnements institutionnels préjudiciables. 


Décloisonner les silos pour une gestion optimisée 

Si au Québec, les défis liés à l'eau sont multiples et interconnectés, les efforts pour aborder ces problèmes de manière intégrée et coordonnée sont souvent fragmentés, avec des rôles et des responsabilités réparties en silos entre plusieurs ministères, organismes et municipalités. Cet état de fait engendre un manque flagrant d’opportunités et résulte à une inefficacité dans l’utilisation des ressources techniques, organisationnelles et financières. Cette approche morcelée vient entraver une réponse globale et efficace aux défis de l'eau, rendant difficile la mise en œuvre de stratégies cohérentes et la coordination des actions nécessaires pour assurer une gestion durable des ressources en eau au Québec. 


La transversalité au cœur de la gestion de l’eau 

L'eau, de par sa nature singulière lie dans ses usages de nombreux domaines, de l'urbanisme à la santé en passant par l'énergie. Pour relever les défis présents et futurs liés à cette ressource vitale, il est impératif de favoriser une approche transversale et collaborative. Cela implique une coordination accrue entre les parties prenantes et la prise de décisions intégrées visant à garantir la sécurité et la durabilité de l'eau dans la province. De ce fait, il est crucial de miser sur l’innovation pour identifier des opportunités, permettant ainsi une utilisation optimisée des ressources dédiées à la gestion de l'eau. 


Un modèle audacieux  pour faire face aux défis de notre époque 

Parmi les exemples remarquables de projets basés sur une gestion décloisonnée à grande échelle, la Finlande se distingue. En 2019, le pays a adopté un programme gouvernemental novateur reposant sur un comité multisectoriel nommé par le parlement, avec pour fondement des objectifs communs et transversaux. Ce programme a été conçu pour renforcer la cohérence, la collaboration et l'efficacité de l'action publique en s'appuyant sur des équipes interministérielles et des mécanismes de suivi et d'évaluation, plutôt que sur des portefeuilles ministériels traditionnels. Grâce à cette approche, la Finlande a pu mettre en place des mécanismes efficaces pour relever des défis complexes et interdépendants tels que le changement climatique, le vieillissement de la population ou encore la transformation numérique. 


Agir dès aujourd’hui pour assurer le futur 

 De par son positionnement politique et en sa qualité d’organisme à même de fédérer les acteurs de l’eau sur l’ensemble du territoire du Québec, le ROBVQ plaide en faveur de la création d'une entité intersectorielle visant à renforcer et à orienter l'action publique vers une gestion optimisée et durable de la ressource en eau. Dans le cadre de cette initiative, les expériences accumulées dans la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) à l'échelle provinciale mettent en évidence une feuille de route axée sur les conditions de réussite suivantes : 

  • Élaborer un cadre stratégique accompagné d'un plan d'action pour guider sa mise en œuvre à travers l'ensemble de l'administration publique 
  • Définir une orientation centrale et des directives claires pour prioriser les efforts et gérer les risques liés aux changements climatiques 
  • Coordonner l'établissement des directives en intégrant les considérations relatives à leur mise en œuvre pratique 
  • Assurer la mise à jour des directives et leur diffusion adéquate, garantissant ainsi leur compréhension et leur application 
  • Organiser des ateliers afin de capitaliser sur les enseignements tirés par les ministères et organismes ayant une expertise avérée dans l'évaluation des risques climatiques, tout en évaluant les progrès accomplis 
  • Créer une plateforme centralisée de ressources et de mécanismes pour partager les compétences spécialisées et les meilleures pratiques, permettant ainsi aux ministères et organismes moins expérimentés de bénéficier des avancées et de l'expérience des autres 
  • Déployer des expérimentations interministérielles sous forme de projets pilotes pour tester de nouvelles solutions et innover dans la mise en œuvre des politiques publiques, impliquant les acteurs concernés tels que les citoyens, les collectivités territoriales et les partenaires sociaux, avec une évaluation réalisée par des organismes indépendants